Vote de Condé-Pumpido sur l’état d’alerte : « La condamnation crée un grave problème politique en désarmant l’Etat contre les pandémies »

L’ancien procureur général de l’État considère que la peine est « un exercice plus typique d’un juriste de salle d’audience » que de la Cour constitutionnelle

C
Cndido Condé-Pumpido, en 2017.JAVIER BARBANCHO

Le magistrat de la Cour constitutionnelle Cndido Conde-Pumpido a émis un vote privé très dur avec les arguments et les magistrats qui ont soutenu l’inconstitutionnalité du confinement décrété en premier état d’alerte, le 14 mars 2020, en raison de la pandémie de coronavirus.

Le magistrat affirme que les six magistrats qui ont soutenu la peine confondent les notions (limitation et suspension) et recherchent des « raccourcis » pour atteindre l’objectif de déclarer l’inconstitutionnalité de l’arrêté royal, aux conséquences dangereuses.

« C’est une tradition de la cour de citer la phrase du premier président, Garca Pelayo, qui a souligné que la fonction de la Cour constitutionnelle est de résoudre les problèmes politiques avec des arguments juridiques. Le jugement de la majorité fait exactement le contraire. Il ne résout pas, mais crée plutôt un problème politique grave, en désarmant l’État contre les pandémies, en le privant de l’instrument que la loi détermine expressément pour faire face aux crises sanitaires, l’état d’alerte. »

« Et il ne répond pas du tout », ajoute le magistrat, « à de vrais critères juridiques, puisqu’il utilise un simple raccourci argumentatif (qualifier de suspension une restriction intense d’un droit fondamental avec une très mauvaise argumentation) pour estimer l’inconstitutionnalité d’une mesure sanitaire demandée pour un parti politique [Vox] qu’il avait précédemment expressément soutenu dans le débat et le vote parlementaire sur la prolongation ».

« Un raccourci »

La thèse de la majorité est que l’état d’exception aurait dû être déclaré, car ce que l’arrêté royal du 14 mars 2020 a fait, c’est suspendre des droits, pas seulement les limiter. Le vote soutient que « ce qui différencie la catégorie de suspension de celle de restriction, c’est la substitution, entre autres, du système de garanties auquel sont soumises les limitations d’un droit spécifique et non le degré d’intensité ou la généralité de celles-ci ».

Elle considère que la raison pour laquelle la condamnation qualifie de « suspension » une « restriction très intense » des droits de liberté de circulation et de réunion « ne semble pas être autre que, comme cela a été dénoncé, pour permettre un raccourci argumentatif pour parvenir à une déclaration d’inconstitutionnalité.

Dans le jugement du magistrat, il est frappant que la sentence propose d’appliquer un état d’exception, où « les garanties constitutionnelles disparaissent », au lieu d’un où cela ne se produit pas, l’état d’alarme.

« C’est une conception curieuse des droits fondamentaux, puisque ceux qui la détiennent prétendent, à tort, que sa construction servirait une plus grande garantie à ceux-là, quand c’est précisément le contraire, puisque son effet est, comme nous l’avons vu, la suppression de les garanties constitutionnelles en échange de la simple parlementarisation de sa déclaration », dit-il en référence au fait que l’état d’alerte est ratifié d’abord par le Congrès, par opposition à l’alerte, que la Chambre n’examine que a posteriori s’il va être prolongé.

« Juriste de salon »

Conde-Pumpido ne cesse de souligner que l’état d’exception est beaucoup plus sévère avec les droits fondamentaux que celui d’alarme. « Proposer que les droits des citoyens soient mieux garantis en les supprimant au lieu de les restreindre et en laissant certaines de leurs garanties constitutionnelles incluses, ce n’est pas comprendre le système des droits fondamentaux établi dans notre norme fondamentale », a déclaré l’ancien procureur général de l’État auprès du Parti socialiste. Gouvernement de Jos Luis Rodrguez Zapatero lorsque nous aurons l’information.

Le vote utilise un ton dur avec la phrase. « Dans un exercice plus typique d’un juriste de salle d’audience que du plus haut interprète de la Constitution, il en vient à considérer que tant le Gouvernement que le Parlement qui ont prolongé les mesures initialement adoptées avec plus de 90 % du soutien de la Chambre et sans aucune votent contre, ils se sont trompés dans le choix de l’État déclaré. »

Le vote, ainsi que ceux des quatre autres magistrats dissidents, seront officiellement communiqués la semaine prochaine, ainsi que la sentence finalement entérinée par six magistrats.