Le gouvernement andalou dans le Paris de ‘Casablanca’

L’alliance de Juanma Moreno (PP) et Juan Marn (Cs) résiste aux attaques des pressions internes et externes. Les citoyens ne sont pas intéressés à alimenter les tensions car la Junte est le bouteille d’oxygène qui le maintient en vie.

Le gouvernement andalou à Par
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L’arrivée des troupes allemandes à Paris est imminente. Et, tandis que les instructions données par la Gestapo se font entendre de la fenêtre à travers ses haut-parleurs, Ilsa (Ingrid Bergman) laisse tomber Rick (Humphrey bogart) l’une des phrases les plus déchirantes et les plus mémorables de l’histoire du cinéma : « Le monde s’effondre et nous sommes tombés amoureux ». Sauvant toutes les distances, les derniers passages du présent politique andalou semblent écrits par un scénariste tordu, prêt à forcer le cours des événements pour éviter un fin heureuse, toujours plus prévisible et ennuyeux.

L’effondrement d’un citoyen malade de aluminose et les mines que la direction nationale du PP met sur le chemin de Juanma Moreno n’ont pas réussi, pour le moment, à percer la solidité du pacte gouvernemental du Conseil, basé fondamentalement sur la bonne relation personnelle entre le président et son vice Président. Et dans lequel Ciudadanos sait que le gouvernement andalou n’est pas seulementle « grand poumon » de la fête, comme dit Juan Marn, mais la bouteille d’oxygène qui le maintient en vie. Le plus frappant de la dernière enquête de la Centre d’études andalouses (le CIS andalou) n’est plus que le PP-A est proche de la majorité absolue, mais plutôt que ses partenaires de Ciudadanos parviennent à contenir l’hémorragie interne.

Ciudadanos a besoin d’un peu plus de temps pour asseoir la confiance de l’électorat qui lui reste fidèle. Et, donc, de ne pas alimenter les tensions internes, même après avoir vérifié que le PP a négocié dans son dos avec le PSOE une révision de la loi consultative pour garantir une rente viagère aux anciens présidents du Conseil d’administration, ce qui va dans le sens inverse de la suppression des privilèges et des barreaux que Ciudadanos exigeait dans le pacte de coalition.

Juanma Moreno en conversation avec Juan Mar
Juanma Moreno s’entretient avec Juan Marn, au début du dernier Conseil de gouvernement au Palacio de San Telmo.CONSEIL ANDALOUSE

Le bâtiment de l’ancien école vertigineuse (qui est aujourd’hui le siège de la Présidence du Conseil) est devenu une sorte de abri anti-aérien où une tentative est faite pour sauver la législature des bombes. Dès les premières étapes de la coalition, Moreno et Marn ont défendu la nécessité d’« encapsuler » leur pacte pour le protéger des turbulences extérieures et de l’agitation permanente du débat national. Mais cette capsule a eu besoin devenir un « bunker », Pour reprendre les mots du vice-président, car les menaces sont de plus en plus persistantes : les bombes se rapprochent.

La crise de Grenade, orchestrée depuis le siège de Gnova pour saper le pouvoir institutionnel de Ciudadanos, a été résolue défavorablement aux intérêts du PP andalou. Mais, si pour le PP le bilan a été désastreux, pour les Citoyens il a été catastrophique. Ils ont perdu le maire, le gouvernement et le groupe municipal.

De la direction du PP national, ils manœuvrent pour enlever à Cs également les communes de Jan ou Linares. Et, à Séville, on essaie imposer sans consensus à un candidat à la mairie de la capitale juste pour le plaisir de préciser qui dirige le parti, tandis que le président andalou assiste au siège avec étonnement avec pratiquement aucune marge de réaction et avec un agenda institutionnel et politique qui ne lui permettra pas trop de distractions.

Moreno a cependant la seule chose que Casado aime et ne peut pas lui prendre, c’est contrôle qui déclenche l’appel électoral en Andalousie. Si Gnova est intéressé par des élections prochainement pour profiter de la vague favorable au PP prédite par les sondages, Juanma Moreno, pour le moment, est toujours déterminé à maintenir la cohérence du récit, car il est conscient qu’il n’y a pas de véritable raisons, non électoralistes, qui justifient la dissolution du Parlement. Tant que la relance économique n’est pas consolidée ou que le plan de vaccination est achevé, ce qui intéresse moins l’Andalousie, c’est la paralysie de six mois qu’entraîne une avancée électorale.

Mais c’est qu’en plus, avec Susana Daz devant le Parlement, le risque (toujours incertain) d’une motion de censure il a été définitivement conspiré, à moins que le PSOE ne s’intéresse à un gouvernement intérimaire sans Juan Espadas : non-sens. Ce mantra, par conséquent, ne sera plus valable pour justifier l’avance.

Pour l’instant, le partenaire parlementaire est revenu sur la voie du pacte, résigné au fait qu’il n’y aura pas d’élections avant l’année prochaine, et a signé sa signature sur la nouvelle loi foncière, qui est devenue la véritable clé de la législature. De nombreux intérêts sont en jeu. Ni l’association patronale ni les conseils municipaux ne comprendront que des élections sont convoquées avant que la loi ne soit approuvée, surtout quand elle a déjà noué, dans ses grandes lignes, le soutien du PSOE de Juan Espadas. En parallèle, Vox et le gouvernement andalou se sont déjà assis autour d’une table pour discuter des budgets 2022. S’ils sont réalisés, Moreno pourra se vanter d’avoir réalisé la quadrature du cercle, bouclant un cycle politique stable malgré la précarité des leurs aînés. Mais même un blocage de cette négociation ne justifierait pas cette avancée, car le législateur a déjà beaucoup d’élan pour atteindre 2022.

Quand ça a commencé à rouler Maison Blanche (Michel Curtiz, 1942) on ignore quel sera le sort final de ses protagonistes. L’été devrait dissiper certaines inconnues sur l’avenir de la mariage de raison qui composent les PP et les C de la Junta de Andaluca, qui, pour l’instant, résiste bien à la pression des scénaristes, à condition que Marn et Arrimadas parviennent tant bien que mal à couvrir les fuites -qui menacent déjà la cohésion de leur groupe parlementaire- et que Moreno affronte les saboteurs internes.