La justice britannique autorise le roi Juan Carlos à faire appel de son immunité pour l’implication présumée du CNI dans l' »affaire Corinna »

La Cour d’appel du Royaume-Uni exclut qu’il soit immunisé en tant que membre de la Maison royale car « il ne joue aucun rôle » dans le soutien du travail de Felipe VI

Corina Larsen, à son arrivée le 18 juillet à la cour d'appel
Corina Larsen, à son arrivée le 18 juillet à la cour d’appel britannique.Téléviseur EFE
  • Justice La justice britannique décide que Juan Carlos I n’a pas d’immunité et peut être jugé pour avoir harcelé Corinna
  • La défense du roi Juan Carlos Ier devant la justice britannique : « Je ne suis pas au-dessus des lois mais je ne réponds qu’à la Cour suprême espagnole »

La Cour d’appel du Royaume-Uni a dévoilé mardi les raisons pour lesquelles il a accepté la semaine dernière d’autoriser le roi émérite à faire appel de la décision du juge de ne lui accorder aucune immunité contre la plainte pour harcèlement déposée par son ancienne amie proche Corinna Larsen, des raisons qui reposent principalement sur l’intervention de alors chef du CNI, le général Flix Sanz Roldndans ce prétendu harcèlement de la femme d’affaires allemande.

Dans une résolution de dix pages, à laquelle Europa Press a eu accès, le juge Pierre Jackson détails qu’il a décidé de donner à Juan Carlos I un laissez-passer pour combattre son immunité sur la base de trois des cinq raisons invoquées par ses avocats, bien qu’il souligne en même temps qu' »à l’heure actuelle, il n’y a pas de décision quant à savoir si le demandeur allégations sont vraies ».

Jackson commence par expliquer qu’il s’agit dans ce cas de deux types d’immunités, une « immunité fonctionnelle » qui opère dans les actions en fonction de leur « capacité publique » et une autre qui étend l’immunité diplomatique aux chefs d’État pour reconnaître également leurs plus proches parents. tout près d’ici.

Don Juan Carlos, explique le juge britannique, « allègue les deux immunités », la première concernant les événements qui se seraient produits avant son abdication, en 2014, et la seconde pour le reste des événements dénoncés par Larsen.

Jackson ouvre la voie à l’appel en s’appuyant sur la partie du procès qui relate que la femme d’affaires aurait subi une perquisition dans sa maison de Monaco « Effectué ou facilité par le chef du Centre national de renseignement, le général Sanz Roldn, sous la direction ou avec le consentement » de l’ancien monarque.

Ce sont des événements antérieurs à l’abdication de Juan Carlos Ier qui, « du moins en première lecture », pourraient laisser penser que « l’accusé ou le général Sanz Roldán agissaient en leur qualité publique ».

« Ce serait, sans aucun doute, un abus de pouvoir mais cela ne signifierait pas nécessairement que (le roi émérite) n’agissait pas en sa qualité publique », ajoute le magistrat anglais.

Jackson note que Larsen a nuancé sa demande en déclarant que « le général Sanz Roldn a agi à titre personnel au nom de l’accusé, et non à titre officiel ».

Cependant, il estime qu' »on peut soutenir que le procès initial – qui prétendait en substance que le roi, qui est le chef de l’Etat, avait aidé le chef des services de sécurité à organiser des actes de harcèlement (au moins en partie perpétrés par agents de l’Etat) – conduite nécessairement alléguée (bien qu’abusive) de sa part dans l’exercice de ses fonctions publiques ».

Selon lui, « cette difficulté ne peut être résolue simplement par un changement de dernière minute qui ne fait qu’affirmer que les intéressés agissaient à titre privé », mais doit faire l’objet d’un débat plus approfondi en « plein appel ».

Il prévient également que, même si l’ancien chef de l’Etat obtient gain de cause dans son appel, cela ne doit pas être « fatal » pour Larsen, puisqu’elle met sur la table « des actes de harcèlement après l’abdication » à propos desquels elle ne se plaint pas. apprécier cette « immunité fonctionnelle ».

doctrine britannique

Jackson expose également les raisons qui l’ont conduit à opposer son veto à l’appel du roi émérite sur la base de deux des cinq raisons invoquées par ses avocats. Pour ce faire, il énonce une doctrine britannique selon laquelle les membres de la Maison du Roi seraient couverts par l’immunité qui protège le chef de l’Etat pour le « partager et l’assister » dans ses fonctions officielles.

« Je suis prêt à accepter que le terme ‘Maison Royale’ puisse être utilisé dans un sens qui va au-delà du sens purement domestique et s’étend également aux membres de la famille qui sont impliqués dans le partage ou l’assistance du chef de l’Etat dans des fonctions », acquiesce-t-il.

« Mais dans le cas présent, l’accusé ne peut pas être décrit comme faisant partie de la Maison Royale dans ce sens. Il ne vit pas avec son fils (même pas dans le même pays) et ne joue aucun rôle pour le soutenir dans son travail,  » a déclaré Jackson.

La Cour d’appel a déjà annoncé le 18 juillet, après une audience tenue à Londres qui a servi aux deux parties à présenter leurs arguments, que Juan Carlos I pourra contester la décision adoptée le 24 mars par le juge Matthieu Nickelde la Cour supérieure de justice.

Nicklin a alors statué que Don Juan Carlos ne jouissait d’aucune immunité car « il n’y a qu’un seul roi et un seul chef d’État en Espagne et, depuis le 19 juin 2014, c’est son fils, le roi Felipe VI ».

Le procès de Corina Larsen

Avec cette résolution, le juge Nicklin a ouvert la voie à la poursuite du procès de Larsen devant la justice britannique, ce qui dépendra désormais de la manière dont l’appel sera résolu, une fois l’appel formulé par les avocats de l’ancien monarque.

La femme d’affaires raconte dans son procès que l’ancien monarque l’aurait harcelée après qu’elle ait mis fin à la relation qu’ils entretenaient. D’abord pour essayer de la récupérer, puis comme vengeance pour nuire à son entreprise, selon l’histoire de Larsen.

Pour cette raison, elle demande à Juan Carlos Ier une indemnisation – dont le montant n’a pas été révélé – pour les frais de son traitement médical en santé mentale, pour « l’installation de mesures de sécurité personnelle et de services de protection quotidienne » et pour l’embauche d' »anciens diplomates et anciens responsables gouvernementaux » à intervenir afin de « mettre fin au harcèlement » qu’il dit subir.