Luis Medina a démenti devant le procureur qu’il prévoyait une saisie d’avoirs pour contourner l’embargo : « Non, non, non, rien ! »

Le ministère public l’a averti de ne pas effectuer de « manœuvres » contre le blocage des fonds car elles pourraient impliquer un crime comme celui dont le juge envisage maintenant de l’inculper.

Médine, dans sa déclaration
Medina, dans sa déclaration devant le procureur en avril 2021.LE MONDE
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Luis Medina était entre surpris et offensé lorsque le procureur lui a dit qu’il ne devait rien faire d’étrange avec ses biens, au risque de commettre un délit de recel d’avoirs. « Non, non, non, non, mec, rien ! », a déclaré l’enquêté dans les dernières mesures de l’interrogatoire

Un an après cette comparution dans Anticorruption, le juge madrilène qui a pris en charge la plainte du parquet pour escroquerie présumée dans la vente de fournitures médicales envisage de l’inculper du crime, après avoir ordonné la saisie de ses avoirs et vérifié qu’il n’a été pouvoir donner avec 247 euros et quelques centimes sur l’un de ses comptes à la Deutsche Bank. Les deux autres comptes étaient dans le rouge.

Quelques instants avant le chapelet de démentis des enquêtés, le procureur Luis Rodríguez Sol avait passé en revue les acquisitions réalisées après avoir touché sa commission d’un million de dollars (925 000 euros) pour la vente gonflée de masques aux mairie de Madrid: un voilier et quelques produits financiers.

« Je vais être très honnête », lui dit le procureur après que Medina ait montré sa surprise face aux questions sur le navire, « si demain [esta investigacin] va au tribunal, vous devez demander la saisie des biens. Et votre avocat pourra vous dire que si vous faisiez quoi que ce soit en essayant, je ne sais pas, de le mettre au nom de quelqu’un d’autre, ce serait un crime. »

Médine commence alors par « non, non, non, non », avec un « jamais » qui corrobore l’intervention de son avocat, qui jusque-là n’avait guère parlé, mais qui sursaute à l’évocation de la saisie des avoirs. « Rien de plus, monsieur le procureur : collaboration extrême », assure l’avocat, tandis qu’à ses côtés Médine enchaîne les démentis.

« Mes dépenses, mes affaires »

Selon la vidéo de la déclaration incorporée au dossier, l’examen des avoirs de la personne mise en examen commence par une question directe du procureur : « Qu’avez-vous fait du million de dollars que vous avez reçu, à quoi avez-vous dépensé l’argent ? » La première réponse est générique : « Mes dépenses, mes affaires. »

Le procureur rentre dans les détails et la personne interrogée confirme qu’il a en fait acheté le Feria, un yacht modèle Eagle 44. Il l’a fait aux Pays-Bas et pour 325 000 euros. Aussi qu’il l’a acheté via une société de Gibraltar, mais pas parce qu’il veut éviter la TVA, explique-t-il, mais parce qu’il ne sait toujours pas s’il veut le faire amarrer en Espagne ou en Amérique du Sud. « C’est comme ça qu’on gagne du temps. »

L’autre destination détectée par Anticorruption est des obligations en billets gérées par Deutsche Bank pour une valeur totale de 400 000 euros. « Ils me disent, hé, d’avoir de l’argent debout, mettez-le ici », explique Medina, qui montre alors sa surprise devant la direction que prend l’interrogatoire.

« Je peux vous demander quelle relation cela a… parce que vous avez encore besoin de savoir si j’ai détourné une partie de l’argent vers… ». C’est alors que le procureur le met en garde contre l’idée d’une saisie des avoirs.

prison

Avant de conclure, le procureur demande à Medina des explications sur d’autres dépenses un peu mineures. Il y a une location de véhicule (60 000 euros), le remboursement d’un prêt (32 000) et un prêt à un partenaire (50 000).

A cette époque (13 avril 2021), l’affaire n’était pas encore devant les tribunaux. Le parquet enquêtait toujours pour décider s’il devait porter plainte, comme il l’a finalement fait il y a quelques jours. Des sources du bureau du procureur soutiennent que, bien que l’affaire n’ait pas encore été portée devant les tribunaux, Medina aurait pu commettre le crime de recel d’avoirs.

Le crime punit ceux qui cachent leurs avoirs dans l’intention d’éviter des responsabilités économiques prévisibles. La peine minimale à partir de laquelle elle commence est d’un an de prison et, selon les circonstances, elle peut aller jusqu’à six. Ce crime viendra s’ajouter à ceux déjà imputés à Médine et à son partenaire de terrain, Albert Luceo : escroquerie aggravée, faux documents et blanchiment d’argent.

L’embargo convenu pour Medina suppose le blocage de l’éventuelle vente du navire, ainsi que la demande à la Deutsche Bank de bloquer les deux obligations acquises, chacune d’une valeur de 200 000 euros. Comme le chiffre ci-dessus ne couvre toujours pas le million de dollars obtenu criminellement, le juge a également accepté de saisir leurs comptes. Là, le juge a cherché à bloquer les 187 227 euros qui manquaient, mais n’en a trouvé que 247.