L’Espagne fait appel de la décision de Strasbourg concernant le membre de l’ETA Atristain

L’Association des victimes du terrorisme a demandé à faire appel craignant que la décision de la CEDH crée un précédent qui provoque une libération massive des prisonniers de l’ETA

La Garde civile emmène le membre de l'ETA Xabier Atristain lors d'une perquisition en 2010 à San Sebasti
La Garde civile prend Xabier Atristain, membre de l’ETA, lors d’une perquisition en 2010 à San Sebastin.JUSTY GARÇA

L’avocat de l’État a fait appel de l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) du 18 janvier, qui a condamné l’Espagne, estimant que le droit à un procès équitable du membre de l’ETA Xabier Atristain avait été violé.

Des sources de la justice ont avancé cette décision après que la cheffe du ministère, Pilar Llop, a souligné lors de la conférence de presse après le Conseil des ministres que le procureur de la République étudiait toujours la possibilité de franchir cette étape et a demandé le « calme ».

La décision est finalement favorable au dépôt d’un recours, comme le demande l’Association des victimes du terrorisme (AVT) craignant que la décision de la CEDH ne crée un précédent qui conduira à une libération massive des prisonniers de l’ETA.

Le tribunal susmentionné a estimé que les droits d’Atristain avaient été violés en 2010 en ne lui permettant pas de choisir un avocat pour sa défense alors qu’il était détenu au secret.

La Cour nationale l’a condamné en 2013 à 17 ans de prison pour appartenance à une bande armée et détention d’armes et de munitions et la Cour suprême l’a confirmé en 2014, condamnation dont Atristain a fait appel.

Le 17 février, il a été libéré et, à sa sortie du pénitencier de Martutene, il a assuré qu’il laissait en prison de nombreuses personnes qui subissaient la même violation des droits.

« Si le gouvernement espagnol ne fait pas appel de l’arrêt de la CEDH sur le régime de l’isolement cellulaire, il pourrait y avoir une saignée de libérations comparable à celle de l’abrogation de la doctrine Parot », a averti l’AVT dans un communiqué, qui a rappelé à la justice que il devait le faire jusqu’au lundi 18 avril prochain.

Atristain a été arrêté le 29 septembre 2010 et la Cour nationale a ordonné sa détention au secret afin de ne pas faire échouer une enquête sur la localisation d’explosifs.

Un avocat commis d’office l’informe de ses droits et assiste aux deux dépositions des 1er et 3 octobre, dans la première desquelles il reconnaît avoir « coopéré » avec l’ETA, notamment une « tentative d’enlèvement », et indique où étaient les explosifs?

Sa défense d’office a tenté de le contacter à plusieurs reprises, mais la Garde civile l’a informé de la restriction légale due à l’isolement cellulaire. Dans la deuxième déclaration, il a détaillé où il cachait des armes, des balles et de fausses plaques d’immatriculation dans sa maison.

Selon la CEDH, « l’impact significatif probable des aveux initiaux du requérant », lors de sa détention au secret, « sur le développement ultérieur de la procédure pénale dirigée contre lui, ne peut être ignoré ».