Fléchettes dans le résumé des rapatriements de mineurs de Ceuta qui pointent vers Marlaska

Le récapitulatif dévoile des e-mails attestant de l’intervention du ministre

Pierre S
Pedro Snchez, avec Fernando Grande-Marlaska, à Ceuta en mai 2021.F. CALVObassin

Le rapatriement controversé en août 2021 de Ceuta un Maroc des mineurs qui ont sauté le grillage trois mois plus tôt a pleinement touché le ministre de l’Intérieur. Après un an à nier son intervention dans les expulsions d’adolescents – le parquet dénonce avec force les irrégularités de cet épisode -, le résumé de l’affaire a révélé avec documentation et déclarations que Fernando Grande-Marlaska a participé à la stratégie de retour les adolescents, les mineurs dans leur sillage. Le procureur soutient que les rapatriements ont été effectués sans les garanties prévues par la loi sur les étrangers et que les droits des enfants ont été bafoués. Le magistrat donne du gaz à l’enquête et l’une des accusations populaires veut que le ministre donne des explications devant le tribunal.

Quand le processus commence-t-il ?

Le 16 août 2021, l’ONG Association pour le développement intégral L’ Escola AC J’ai porté plainte pour les rapatriements que le Parquet de Ceuta n’a pas tardé à recueillir et à faire sien. Il a alerté le tribunal sur les prétendues irrégularités qu’il a constatées et a signé un rapport retentissant dont une phrase se dégage : Dans un État de droit, il n’y a pas de raccourcis. Et à son avis, oui il y en avait.

Quel est l’élément discordant ?

Que les rapatriements ont été effectués sur la base d’un accord entre l’Espagne et le Maroc et non sous l’égide de la loi sur l’immigration, une règle beaucoup plus garante des droits des personnes. Le ministère public doute de cet accord bilatéral.

Y a-t-il des accusés dans l’enquête ?

S. Le délégué du gouvernement à Ceuta, Salvadora Mateoset le vice-président de la ceut exécutive, Mara Isabel Deu. Tous deux font l’objet d’une enquête pour délit de prévarication administrative. Dans leurs déclarations devant le parquet, tous deux ont assuré avoir suivi les ordres du gouvernement de restituer les enfants.

Pourquoi Grande-Marlaska est-elle balisée?

Par plusieurs courriels, qui font partie du résumé, où par l’intermédiaire du secrétaire d’État à la Sécurité -un organisme qui dépend de lui- il donne des instructions. L’un de ces e-mails dit littéralement : Sur instructions du ministre de l’intérieur, veuillez procéder au retour des mineurs au Royaume du Maroc. La lettre est datée du 10 août 2021. Les rapatriements ont eu lieu trois jours plus tard. Par ailleurs, la déléguée du Gouvernement de Ceuta, lors de l’enquête, a répété à plusieurs reprises qu’elle avait contacté directement l’Intérieur. Le ministre nie toute implication depuis un an.

Qu’est-ce que le représentant du gouvernement à Ceuta a dit d’autre au Parquet ?

Que la décision de renvoyer les mineurs a été prise uniquement et exclusivement par l’exécutif central. Les retours ont été convenus par le Gouvernement de l’Espagne en contact avec celui du Maroc (…) la décision de promouvoir l’Accord (sur les rapatriements entre Madrid Oui Rabat) avec le Maroc appartient au gouvernement de Madrid, a-t-il assuré.

Y a-t-il une chance que le ministre témoigne dans cette affaire?

Si l’une des parties le demande – l’une des accusations privées exercées par le Réseau espagnol d’aide à l’immigration et aux réfugiés a l’intention de le faire – la magistrate pourrait l’accepter si elle le jugeait ainsi. Bien sûr, il ne pouvait comparaître qu’en tant que témoin compte tenu de son statut d’officiel inscrit.

À qui appartient-il de décider ?

Des délégations gouvernementales. Juridiquement, le ministre n’aurait pas de responsabilité pénale, autre chose est éthique ou esthétique en matière de ces caractéristiques avec des mineurs renvoyés sans, selon le procureur, les garanties légales qui leur correspondent.