Les notaires jugent insuffisantes les mesures de Snchez pour confisquer les oligarques russes

Ils écrivent au Gouvernement pour lui demander de modifier d’urgence la loi pour pouvoir agir contre les entreprises des magnats et leur environnement direct

Immatriculation sur le yacht Tango, ancré à Palma de Majorque, qui appartient à un oligarque russe.
Immatriculation sur le yacht Tango, ancré à Palma de Majorque, qui appartient à un oligarque russe.EFE
  • Spécial Les oligarques de Poutine
  • Russie Les quatre oligarques de Poutine que l’Espagne peut saisir leurs superyachts

Le Conseil général des notaires (CGN), une organisation qui représente les plus de 2 800 notaires espagnols au niveau national, a envoyé une lettre au Présidence du gouvernement exigeant de nouvelles mesures juridiques pour pouvoir confisquer la fortune des oligarques russes en Espagne jugeant insuffisantes celles convenues jusqu’à présent par l’exécutif.

Selon ce qu’ils assurent aux sources gouvernementales d’EL MUNDO, les notaires ont contacté le gouvernement de coalition présidé par Pedro Sánchez pour proposer l’adoption de plusieurs mesures spécifiques qui complètent le décret-loi royal 6/2022 du 29 mars par lequel elles ont été adoptées Actions urgentes dans le cadre du Plan national pour répondre aux conséquences économiques et sociales de la guerre en Ukraine.

Les notaires publics soutiennent que dans le cadre juridique actuel, une action ne peut être intentée directement contre des biens situés sur le territoire espagnol qu’au nom de personnes physiques ou morales. Par conséquent, ils soulignent qu’il n’y a pas de capacité à bloquer, par exemple, la vente d’entreprises ou de leurs actions, ni à étendre les mesures à l’environnement direct des oligarques russes. C’est-à-dire à leurs figures de proue, managers ou parents directs.

Ainsi, la CGN demande qu’un nouvel arrêté royal soit pris par lequel il est permis de bloquer immédiatement les transmissions onéreuses, par exemple toute vente, ou gratuites, comme les dons, ainsi que toute autre activité légale. Pour cela, ils demandent au Gouvernement d’imposer l’obligation que ces opérations soient consignées dans un acte notarié dans le cas des sociétés par actions.

Et il convient de rappeler qu’actuellement, la législation espagnole n’exige que l’acte notarié dans la constitution, l’augmentation ou la réduction de capital et la dissolution ou la liquidation de ces entités. Mais, en aucun cas, dans la transmission d’actions. De telle sorte que, pour des raisons pratiques, ces opérations sont opaques. Dans ce sens, se distinguent les notaires qui ne peuvent s’empêcher de geler les avoirs des oligarques russes s’il n’y a aucune possibilité de savoir qui est impliqué dans les transmissions effectuées par leurs sociétés.

Parallèlement, le Conseil général du notariat demande que ses professionnels soient légalement habilités à ne pas autoriser les actes publics qui affectent l’environnement direct des oligarques russes. A cette fin, il est proposé qu’une liste soit établie par le Organisme centralisé de prévention du blanchiment d’argent de la CGN avec des informations fournies par des sources judiciaires et administratives.

Les notaires publics précisent, en somme, qu’il n’est guère possible aujourd’hui de noter l’interdiction de disposer d’un bien au registre foncier. Ce qui constitue une mesure manifestement inefficace étant donné que même si ladite interdiction existe, tout homme d’affaires russe touché par celle-ci peut vendre sans problème la société au nom de laquelle la propriété contourne la sanction.

De même, le Conseil Général du Notariat rappelle à l’Exécutif que ce n’est pas la première fois que l’on revendique la nécessité de mettre en place ces mesures de lutte contre le blanchiment d’argent dans notre pays. Ce trou dans la structure mercantile espagnole était déjà révélé par le Groupe d’action financière internationale (GAFI) en 2014 lors de l’examen du système espagnol de prévention du blanchiment d’argent.

Blanchiment d’argent

Cette organisation internationale, qui regroupe 37 juridictions, a déjà averti que l’Espagne a du mal à stopper le blanchiment de fonds avec la transmission des actions de sociétés anonymes non cotées en bourse. En effet, il a souligné à cet égard le manque de transparence de ces transferts, puisque les actions nominatives desdites sociétés peuvent être transférées directement sans qu’aucun contrôle ne soit appliqué ni obligation d’intervention d’un notaire.

À l’heure actuelle, aucun pays de notre environnement ne respecte les recommandations du GAFI, qui doivent être mises en œuvre dans le cas espagnol par le ministère de la Justice, coordonné par la ministre Pilar Llop.

Cependant, avec les outils juridiques limités dont disposent actuellement les notaires, ils ont déjà envoyé le service de prévention du blanchiment d’argent (Sepblac) un premier rapport provisoire avec les propriétés des hiérarques russes détectés en Espagne et qui ont déjà été gelées.

Comme ce journal a pu l’apprendre, l’Organe centralisé de prévention du blanchiment d’argent de la CGN a déjà communiqué à la Lutte anti-blanchiment la localisation des opérations de 14 individus figurant sur les listes dressées par la Union européenne. À leur tour, des opérations ont été identifiées dans les actes notariés de 88 personnes liées à la première.

Quant aux entités juridiques espagnoles trouvées, huit ont été signalées. Dans le cas des sociétés juridiques étrangères, sept réparties entre les pays sont apparues comme Royaume-Uni, Suisse,Lituanie Soit Liechtenstein. Dans le même ordre d’idées, 29 propriétés ont été signalées au nom d’oligarques russes dans notre pays, soit directement, soit par l’intermédiaire d’une de leurs sociétés (11) ou liées à leurs proches (18). D’autre part, l’amarrage d’un yacht a également été signalé sur la liste.

L’action espagnole contre les magnats russes découle de la décision du Conseil européen, qu’il n’a pas seulement fermement condamné l’agression militaire non provoquée et injustifiée que la Fédération de Russie a menée contre l’Ukraine. Il a également procédé à l’imposition de mesures restrictives qui affectent à la fois cet État et les fonds et ressources économiques des personnes qui le soutiennent et en bénéficient, ainsi que les personnes et entités qui lui fournissent des sources substantielles de revenus et qui desservent l’invasion. d’Ukraine.