Carles Puigdemont vote en faveur d’une enquête sur le complot russe

Lui et ses collègues de Junts soutiennent un rapport du Parlement européen qui appelle à « une enquête approfondie » sur les liens d’indépendance avec les services secrets de Poutine.

Carles Puigdemont, dans un acte d'hommage à Heribert Barrera.
Carles Puigdemont, dans un acte d’hommage à Heribert Barrera.EFE
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L’ancien président de la Generalitat de Catalua Carles Puigdemont a voté ce jeudi en faveur d’un rapport du Parlement européen qui, entre autres, demande d’enquêter sur les liens du mouvement indépendantiste avec le gouvernement russe et les contacts de l’homme politique et son environnement avec des membres de l’intelligence de Moscou d’intervenir dans le procs.

La décision frappante vient d’un amendement introduit et approuvé mercredi soir dans un rapport qui analyse les relations entre les Union européenne et Russie. Le document, préparé par le lituanien Andrius Kublius, a été approuvé ce matin par 494 voix pour, 103 contre et 72 abstentions. Après l’écho qui avait un article de Le New York Times publié il y a quelques semaines dans lequel il documentait les contacts entre des proches collaborateurs de Puigdemont, dont son avocat, et différentes figures marquantes de l’espionnage russe, les députés ont approuvé hier soir un amendement introduit par le groupe socialiste qui demande d’étudier en détail les agissements de l’ancien environnement Président. « Les récentes découvertes sur les contacts étroits et réguliers entre des responsables russes, y compris des membres des services de sécurité de l’Etat, et des représentants d’un groupe de partisans de l’indépendance catalane nécessitent une enquête approfondie », indique l’amendement, qui a été approuvé par les socialistes, populaire, Citizens and Vox et le rejet des forces nationalistes et United We Can. De l’avis de l’institution, ces liens importants pourraient être « un autre exemple d’ingérence russe dans les États membres et des tentatives constantes de la Russie d’exploiter tout problème susceptible de favoriser la déstabilisation interne de l’Union ».

Ce qui est frappant, c’est qu’en dépit d’avoir voté contre l’amendement, les trois eurodéputés revendiqués par la justice espagnole, Puigdemont lui-même, Toni Comn et Clara Ponsat ont voté ce jeudi en faveur du rapport dans son ensemble, demandant à faire eux-mêmes l’objet d’une enquête. « Nous avons voté en faveur de ce rapport parce que nous partageons pleinement l’inquiétude concernant l’ingérence russe dans la démocratie de l’Union. Cependant, nous déplorons le passage de l’amendement proposé par les socialistes qui cherche à promouvoir, par la porte dérobée, des accusations infondées sur le mouvement indépendantiste catalan », a expliqué Junts hier soir dans un communiqué. « C’est la dernière d’une série de tentatives du gouvernement espagnol, des services de renseignement espagnols et de la police, de promouvoir un récit sur les liens supposés entre le mouvement indépendantiste et les services de renseignement russes. »

Puigdemont, qu’aucune famille n’a voulu accepter lorsqu’il a obtenu son siège, a été contraint d’avaler le rapport pour ne pas nuire davantage à son image et à celle du mouvement indépendantiste en Strasbourg. Il y a longtemps que l’on parle de liens possibles avec Moscou, mais l’article documenté du journal américain a fait beaucoup de tort à leur cause. S’il avait voté contre le rapport, au motif que l’amendement contient « fausses nouvelles« Comme l’indique son communiqué, les dégâts auraient été encore plus importants. Alors son groupe et les forces nationalistes ont opté pour le moindre mal : demander l’ouverture d’une enquête.

Le Parlement européen est un organe politique, il ne fait pas d’enquêtes, il n’a pas de détectives ou quoi que ce soit du genre. Le rapport, qui qualifie la Russie de « kleptocratie autoritaire »demande à Conseil (les États), au Commission européenne et le Haut Représentant Josep Borrell de revoir et d’ajuster les politiques communautaires pour montrer la fermeté de Moscou face aux menaces et aux tentatives de déstabilisation. Ce qu’il lance est un message politique et il le fait très clairement.

La Russie peut devenir une démocratie ; l’UE et ses institutions doivent partir du principe que le changement est possible en Russie. Il faut aussi du courage pour s’opposer fermement au régime du Kremlin lorsqu’il s’agit de défendre les droits humains. L’objectif doit être de mettre fin à la répression intérieure, de rendre au peuple la capacité de décider et de libérer tous les prisonniers politiques, a déclaré le conservateur lituanien Kubilius à l’issue du vote.