Luis Salvador (Cs), maire de Grenade : « C’est une excentricité de proposer la dissolution du conseil municipal de Grenade »

Luis Salvador propose aux conseillers du PP de retourner au gouvernement municipal. Sinon, étudiez toutes les alternatives, y compris un accord avec le PSOE

Le maire de Grenade, Luis Salvador.
Le maire de Grenade, Luis Salvador.LE MONDE
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La rupture du pacte entre le PP et le Cs dans le Conseil municipal de Grenade a laissé une situation diabolique dans le conseil, avec un maire, Luis Salvador (Cs) en minorité (seul un autre conseiller de son groupe le soutient), et sans grandes alternatives qui pourraient renverser la situation. S’il n’y a pas de nouveaux pactes, la démission de Salvador (non ouvertement exclue par le maire) pourrait ramener le maire au PSOE, puisqu’il s’agissait de la liste la plus votée en 2019.

Pour le moment, vous avez reçu le soutien des citoyens pour maintenir le maire de Grenade, mais vous prévenez déjà que cet intérim ne peut pas être maintenu longtemps.
Ce qui s’est passé à Grenade est un épisode politiquement contre nature, car il n’y avait absolument aucune raison pour que les conseillers du PP quittent le gouvernement. Ce n’est pas justifiable politiquement. La rumeur résonnait dans la ville depuis longtemps mais personne ne pouvait y croire. La direction de Ciudadanos a serré les rangs car il y a un fait objectif : qu’il y avait un accord fermé qui a donné le maire à Cs pour quatre ans. C’est pourquoi la première chose a été de demander au PP de respecter ce pacte et à ses conseillers de revenir au gouvernement de consensus.
Pourquoi ne montrent-ils pas le document signé publiquement ?
Le pacte a été signé au niveau national entre le PP et les Cs par Teodoro Garca Egea et Fran Hervas. Et tous deux ont toujours défendu qu’il s’agissait d’un pacte de quatre ans. Fran Hervas n’est plus à Ciudadanos mais au PP, et je ne sais pas où il le fera signer. Mais ni la direction nationale ni la direction régionale ni même la direction provinciale du PP n’avaient jamais remis en cause cet accord. Oui il y a eu une tentative de coercition à la dernière minute par le candidat du PP, Sebastin Prez, pour que je m’engage à céder le maire au bout de deux ans, mais j’ai refusé. Et Teodoro Garca Egea m’a alors dit devant tout le monde : Ne t’inquiète pas. Le pacte est fermé pour quatre ans. Allez voter dès que possible et ne signez rien.
Et qu’est-ce qui a changé dans le PP pour qu’ils revendiquent désormais le maire ?
Ils devront l’expliquer. Si le pouls de Sebastin Prez avait été produit avec un Ciudadanos fort, rien ne serait arrivé de toute façon. La politique est malheureusement comme ça. Parce que ce qui n’a pas été une assurance, ce sont les différences dans la gestion gouvernementale. Il n’y a pas un seul motif politique lié à l’administration de Grenade. La crise s’est ouverte dans le seul but de réclamer le maire et c’est pourquoi ils ont récupéré le mantra du 2 + 2 (alternance dans le maire).
Pensez-vous que cela fait partie de la stratégie de Gnova de dynamiter les citoyens ?
Je ne veux pas porter de jugement de valeur mais tout a changé depuis l’arrivée de Fran Hervas au PP. L’un des conseillers démissionnaires est issu du cercle proche d’Hervas. C’est Sebastin Prez qui a dit qu’Hervas lui avait dit que s’il partait, ils (la direction de Gnova) régleraient le problème de Grenade.
Et pensez-vous que c’est aussi une impulsion de Gênes à la direction du PP andalou ?
Ah je n’entre pas. J’ai toujours eu le soutien du PP andalou mais, lorsque ce dernier scénario s’est présenté, ils ont serré les rangs pour réclamer le maire. Je ne décris que des faits objectifs sans entrer dans des évaluations qui maintenant n’apportent rien.
En Cs, ils ont donné un délai pour essayer de faire revenir le PP au gouvernement municipal. Et si cela n’arrivait pas ?
J’essaie de parler à Ins Arrimadas ce week-end. Cette situation ne peut se perpétuer indéfiniment. Nous devons lui donner une solution la semaine prochaine ou la suivante au plus tard.
Vous êtes-vous assis avec le PP ou avec le PSOE pour négocier ?
Il n’y a aucune négociation avec qui que ce soit. Je ne pose pas de conditions ni ne cherche une issue pour moi-même. Ce sont des fuites intéressées.
Et quelles alternatives voyez-vous alors ?
Eh bien, que les conseillers du PP reviennent et que nous continuions à travailler normalement ; qu’un nouvel accord avec le PP ou avec le PSOE peut être conclu ; ou que le conseil d’administration locale soit reconstitué avec tout autre groupe du consistoire. J’insiste, ce ne sont pas mes intentions mais la simple description mathématique des possibilités.
Voyez-vous la possibilité que la motion de censure soulevée par le PSOE ou toute autre aille de l’avant ?
Un vote de défiance politiquement naturel, non. Seul un mouvement contre nature pourrait sortir, ce qui générerait plus d’incertitude pour les habitants de Grenade. N’oublions pas qu’avec la loi électorale actuelle, pour chaque mutation qui s’ajoute à un vote de défiance, il leur faudra une voix de plus, conformément aux majorités renforcées exigées par la dernière réforme contre le transfuguisme. Le PSOE a présenté une motion de censure qui n’a pour le moment que ses dix voix. Je ne vais pas entrer dans ce jardin. Tout ce que je demande, c’est que nous transmettions la tranquillité et la sécurité à tous les habitants de Grenade.
Seriez-vous favorable à une entente pour qu’un autre conseiller assume la fonction de maire ?
Pour l’instant, tant le PSOE que le PP revendiquent le maire pour eux-mêmes et je demande seulement que nous arrivions à la prochaine session plénière l’esprit tranquille. Il ne sert à rien d’une solution hâtive maintenant et que plus tard, nous nous jetons des choses à la tête. Nous devons essayer de trouver une solution à une crise que, d’ailleurs, tout le monde sait que les citoyens n’ont pas provoquée.
Cédez-vous le maire au socialiste Francisco Cuenca ?
Il faut y aller étape par étape. La première chose est d’insister pour que les conseillers du PP se joignent à eux. Et, sinon, parlez à Ins Arrimadas ce week-end afin de commencer à tester d’autres types de solutions qui garantissent la gouvernabilité. Lentement mais sûrement. L’important est de fuir celui d’un « fleuve troublé profit de pêcheurs ». Il faut agir avec le sens des responsabilités.
Pensez-vous qu’une dissolution du conseil municipal de Grenade est justifiée, comme le propose Vox ?
C’est une excentricité. Quiconque connaît le droit constitutionnel sait que cette situation, qui ne s’est produite qu’à Marbella, est absurde. Le cas de Marbella était absolument exceptionnel car ceux qui devaient gouverner se consacraient à dévaliser la Mairie. Mme Macarena Olona vient de temps en temps à Grenade pour laisser une perle en forme de gros titre puis repartir et ne pas revenir avant longtemps. Cette motion qu’ils vont présenter en session plénière n’a aucune chance d’aller de l’avant mais, de toute façon, la crise politique à Grenade aura été résolue plus tôt.
Y a-t-il un problème urgent pour les habitants de Grenade qui ne peut être résolu en raison de la faiblesse de leur gouvernement municipal ?
Tout ce qui est urgent et nécessaire se présente. Un maire dispose de nombreux outils pour articuler des réponses et nous avons traité toutes les commissions d’information pour que la séance plénière puisse se tenir. Il n’y a pas une seconde pause mais nous avons su répondre à tous les besoins et exigences.