La Cour suprême, vers l’« effondrement » dû à la réforme qui empêche le renouvellement des postes vacants : 1 000 condamnations en moins par an et des retards dans le reste

Le rapport approuvé par la Chambre du gouvernement souligne qu’il y a déjà 14% de postes vacants et que 20% et « l’effondrement » sont en route.

Façade de la Cour suprême.
Façade de la Cour suprême.JAVI MARTNEZ

La Chambre gouvernementale de la Cour suprême dispose déjà du rapport sur les conséquences de la réforme juridique qui, depuis mars dernier, empêche le CGPJ par intérim de renouveler les postes vacants à la Haute Cour : mille peines de moins par an et retard dans toutes les autres .

La Chambre du gouvernement a mandaté le Cabinet technique de la Cour un rapport sur la situation à laquelle les différentes chambres seront confrontées en cas de prolongation de l’impossibilité légale de pourvoir les vacances. Le rapport, auquel la Chambre du gouvernement a donné son feu vert, conclut que si les choses continuent ainsi, un point « insoutenable » sera atteint, ce qui implique « qu’environ 1 000 condamnations de moins seront prononcées par an entre toutes les chambres , avec un allongement des délais de réponse sur les questions de fond et les décisions d’irrecevabilité seront considérablement retardées, qui sont immenses en nombre et se comptent par dizaines de milliers par an. »

Le rapport du Cabinet technique analyse la situation complexe à laquelle est confrontée la Cour avec 11 postes non pourvus (14% de son effectif de 79 magistrats), qui passera à 16 l’année prochaine, avec le départ à la retraite de cinq autres magistrats, ce qui représentera 20% de ses effectifs vacants.

« Une situation à laquelle aucune organisation ne peut résister, surtout lorsque de telles vacances surviennent dans des postes qui, évidemment, ne disposent pas d’un système de substitution juridique articulé comme dans le reste des postes de la carrière judiciaire ».

Sans remède

La Cour suprême prévient que les conséquences défavorables affecteront à la fois la phase d’admission des pourvois en cassation et la phase de poursuite et de décision. « On ne peut remédier à un tel état de choses, quel que soit l’effort supplémentaire que l’on souhaite, en attribuant plus de papiers aux magistrats, car la formation de la doctrine jurisprudentielle qui doit guider l’activité de tous les organes judiciaires des différentes juridictions exige une étude et délibération très réfléchies et soin des ressources, d’autant plus dans le contexte de la qualification juridique actuelle du pourvoi dans de nombreuses chambres, fondée sur une sélection rigoureuse des ressources qui sont admises, sur la base du critère de la cassation intérêt pour la formation de la jurisprudence ».

Ce retard dans le délai de l’admission des cassations affectera également, selon le rapport, à toutes les étapes, puisque le retard dans la notation des critères jurisprudentiels entraînera à son tour un retard dans l’offre de solutions aux instances judiciaires inférieures. Un problème « qui pourrait être résolu avec rapidité et sécurité juridique si la Cour suprême était en mesure de résoudre avec agilité et rigueur l’interprétation et l’application correctes des règles en jeu ».

Il n’y a pas de justice s’il est « tard »

Le document approuvé souligne que « l’impossibilité légale du CGPJ dans le prolongement de son mandat de procéder à des nominations pour pourvoir aux postes vacants, ainsi que l’incertitude quant à la date de constitution du nouveau Conseil, entraînent une sérieuse diminution du fonctionnement de la Cour ». Et tout cela « dans un contexte de crise économique, sociale et sanitaire notoire, multiplie les litiges ».

De même, la Chambre rappelle que la Cour constitutionnelle a répété à maintes reprises dans sa doctrine « qu’une justice différée n’est pas une justice véritable », car elle peut porter atteinte à une protection juridictionnelle effective. « Eh bien, eh bien, cette situation ne fera que retarder la résolution d’une multitude d’appels dans les chambres correspondantes, avec les graves dommages que cela entraîne tant pour l’accusé que pour l’image de la justice dans la conscience publique, dont le renforcement c’est la clé du maintien de la paix sociale », dit le rapport.

Le rapport considère qu’il est « essentiel » de pourvoir rapidement les postes vacants « si cela ne doit pas aboutir à l’effondrement de la plus haute instance juridictionnelle de notre pays ».

Impact par pièces

Le document examine l’impact de l’incapacité de pourvoir les postes vacants dans chacune des cinq salles d’audience. Sauf dans la chambre criminelle, où toutes les places sont couvertes et il n’y a pas de sorties imminentes, dans le reste la situation est « très préoccupante ».

Dans le domaine contentieux-administratif, il y a six postes vacants (près de 20 % de l’effectif), auxquels s’ajouteront deux autres en mars et avril 2022, « avec de sérieux dommages au taux d’attente et de résolution, étant très probable que les 450 des peines de moins en calcul annuel sont atteintes ».

De son côté, à la Chambre civile, le poste vacant actuellement non pourvu représente 10 % de l’étage, dans une Chambre « déjà surchargée de travail ». Si la situation persiste, l’estimation est de 100 peines de moins par an.

Concernant la Chambre sociale, avec trois postes vacants et deux autres prévus (dont celui de son président) d’ici un an, il est souligné qu’elle est pratiquement 40 % inférieure à son effectif de 13 magistrats, ce qui serait absolument insoutenable et pourrait conduire à un total effondrement, avec 400 condamnations en moins par an et un retard important dans la résolution des affaires.

Dans la Sala de lo Militar, la vacance et celle prévue pour 2022 auront « un impact inévitable ».